
Chers internautes, belles et beaux et autres Belzébuth de la toile !
Je ne vous l’ai sans doute jamais dis, mais je vis dans la plus belle maison de la plus belle rue du plus beau quartier de la plus belle ville du plus beau pays du monde !
Je vois d’ici le stigmate de l’incrédulité tordre votre visage d’une moue dubitative et les affres du doute arquer votre sourcil dans le circonflexe de la suspicion indécrottable qualifiant toute la petitesse jalouse de vos minuscules personnes.
Pas plus tard que ce matin donc, levé d’un très bon pied, et après m’être soigneusement appliqué dans mon toilettage mensuel...la jambe bien levé je me suis léché comme il se devait mes augustes balloches avec tout le respect dû aux réceptacles d'une digne semence, remontant le long de la jambe jusqu'au doigts de pied que j'ai sucé consciencieusement (vachement contagieux les manies de cet enfoiré de clebs)...j’entrepris ma dunepierredeuxcoups quotidienne tâche de réapprovisionner la miche à pain et de promener les miches à puces du canin qui prenait un malin plaisir à occuper les trois quart du temps de cette matinale promenade à renifler le cul de ses congénères.
Comme il se devait d’être dans la plus belle rue du plus beau quartier de la plus belle ville du plus beau pays du monde, le ciel était d’un bleu à faire chialer un canard et l’air sentait bon le sac poubelle éventré et le pot d’échappement faisandé, le tout, enrobé de l’odeur doucereuse d’une charogne, qui fut chatte, pressée au pneu de voiture depuis plusieurs jours déjà et collée à l’asphalte mollissant sous un soleil de plomb.
J’inspirais, en même temps que le clebs, une profonde goulée de cet aphrodisiaque essence et entrepris bravement de remonter la rue jusqu’à la boulangerie qui faisait le coin. A peine trois pas entamés dans la plus belle rue, au nom de fleur en sus, du plus beau quartier de la plus belle ville du plus beau pays du monde et dans laquelle depuis maintenant plus de quinze ans il ne poussait aucune fleur à part les moisissures sur les murs délabrés de la maison d’en face, que je vis se profiler la silhouette du grand tapeur aux yeux injectés de sang qui chaque matin au coin de la rue vous balançait la bouche en cul de poule dans un air de madonne à la virginité aussi douteuse que celle de la grande Catherine qui n’avait de la sainteté que ce st du nom de la rue où elle tapinait : « baqui bla ftour a khouya ou bla kmaya » traduit en devises convertibles locales, cela représentait 6 dh pour le café et au moins 2 dh pour une cigarette ; soit en arrondissant à la cigarette supérieure, représentait le un tiers d’une journée de salaire d’un ouvrier agricole.
Voyant le faste de mon p’tit déj gravement menacé par le plus beau parasite de la plus belle rue du plus beau quartier de la plus belle ville du plus beau pays du monde, et sachant que mon con de canin vouait un amour nasal aux savates nauséabondes du parcmètre ambulant et ne me prêterait, en l’occurrence, aucune patte forte, je pris la ferme résolution de battre en retraite et de faire le tour par l’autre côté de la rue.
Manque de pot, mais pas d’échappement, je vis se profiler à l’autre bout de la rue le second plus beau spécimen des plus beaux parasites de la plus belle rue du plus beau quartier de la plus belle ville du plus beau pays du monde. Çui là il vous la jouait franquette, meilleurs amis du monde « chti n’ta…rak ma mezzianch » comme si lui zaama il était mezziane ! la mythomanie dans la moelle, il inventait à chaque fois une rocambolesque histoire genre télé novelas vénézuelienne, tantôt viandant pour les besoins de l’histoire dans un dramatique accident de voiture son beau frère (que je voyais pourtant le lendemain gambader comme un cabri), tantôt charcutant dans une opération mémorable dans les annales de l’hôpital une énième fois son vieux, diabétique-hypertendu-parkinsonien qui, d’après mes calculs, devait avoir 6 vésicules biliaires, 7 paires de reins, trois rates, deux foies, 127 dents, 3 colons, 4 anus et 272 m d’intestin grêle. Bref rien que pour sa fertile imagination je me laissais parfois attendrir et lui glissais un petit billet qu’il allait convertir aussitôt en tickets PMU.
Mais bon on a beau vivre dans la plus belle maison de la plus belle rue du plus beau quartier de la plus belle ville du plus beau pays du monde, il y des jours où l’on se sent plutôt sale, bête et méchant…n’est-ce pas médor ?
« Coin coin ! » me répondit le canin qui jouai au caneton histoire de me faire savoir qu’il s’en foutait royalement…
Je battis donc une deuxième fois en retraite et me retrouvai sous le porche de la plus belle maison…etc et restai là à réfléchir….