mardi 24 avril 2007

Méfiez vous du grand blanc !



Une chronique écrite en 2005 mais retrouvant toute son actualité suite aux derniers événements conséquents à l’application du nouveau code de la route









Un dimanche casablancais, alors que je n’avais rien à faire, je me suis installé à la terrasse d’un café sur le boulevard Yacoub El Mansour, à quelques encablures du boulevard Ghandi en allant vers le Maarif.

Quatorze heures trente, un mois de juillet…

L’heure était aussi creuse que les nids de poules qui jonchaient l’asphalte de la chaussée. Une chaleur humide, à tomber les oiseaux comme on dit chez nous, recouvrait la ville d’une aura crasseuse. Je sirotais un jus de café lavaseux à 30% de pois chiches en tirant goulûment sur une " harlboro " pas " sakka " du tout, achetée au tabac-cireur du coin qui outre de laver les voitures occupait également la fonction de " chekkam " et de courtier en tout genre.

Aussi désœuvré donc qu’une vache regardant passer les trains et après m’être amusé à décompter les mendiants qui me trayaient au passage, j’entrepris la oisive tâche de mesurer le débit des taxis " blancs " qui s’essoufflaient à retracer la chaussée en fonction de la notion jurassique (Ghallab à leurs yeux représentait le quarante et unième stade de la descendance d’E.T) qu’ils semblaient avoir du code de la route.

Aussi oisive que puisse paraître cette occupation le résultat n’en fut pas moins époustouflant. En à peine dix minutes je comptabilisai 102 taxis grandement wilaliques, ce qui donne pour une heure de trafic pas moins de 612 passages soit une moyenne d’un taxi toutes les 6 secondes. Pour l’heure la plus creuse qui soit de l’année c’est pas mal du tout. Imaginez donc l’heure de pointe sur ce boulevard où cette cadence se voit multipliée par quatre sinon par cinq. Vous levez la main pour vous moucher le nez et au moins trois taxis freinent dans un vacarme assourdissant à votre hauteur libérant un flot d’injures chez les automobilistes qui évitent de justesse le carambolage. Les habitués du boulevard le savent et évitent donc d’agiter les mains aux abords de la chaussée.

Abordant la problématique embryonnaire en train de germer dans ma tête sous des auspices statisticiennes je triturai dans tous les sens les différentes combinaisons qui me venaient à l’esprit : trafic/état de route/accident, accident/sécurité/état mécanique, transport en commun/laxisme/accidents et j’en passe. Une multitude d’équations sans inconnues tout de même et pourtant des problèmes qu’on n’arrive toujours pas à résoudre. Pas étonnant me direz vous vous puisque le problème est toujours posé à l’envers, à l’image de cette phrase de notre ministre du transport lors d’une allocution : " l'inadaptation de la vitesse aux conditions de la route est à l’origine de 90 pc des accidents " (source l’économiste). Pensez vous ! Il ne lui serait jamais venu à l’esprit de dire " l’inadaptation des conditions de la route à la vitesse " non ! Cela induirait trop de choses. Les chiffres cependant sont là et biens réels. En 2002 il y a eu 52137 accidents engendrant 3261 décès et 81465 blessés, ce qui veut dire que toutes les 15 mn il se produit un accident dans notre beau pays et que toutes les 2h40mn il meurt quelqu’un sur nos routes.

Alors quand on me parle du " danger " terroriste cela me fait bien marrer. Combien sont morts les dix dernières années suite à un acte terroriste au Maroc ? 70 ? 90 ? 100 ? 200 ? Nous aurons beau exagérer le chiffre nous serions toujours loin des pas moins de 20 000 morts sur les routes marocaines. Si l’on se base sur les statistiques qui pour 100 000 habitant donnent 13 décès (2002) ceux qui habitent Casablanca devraient par conséquent être les plus prompts à s’inquiéter car cela voudrai dire un mort toutes les 33 mn, et pour ceux qui pratiquent l’axe yacoub el mansour à 80 pc de malchance, s’ils leur arrive de rendre prématurément l’âme, ce sera la faute d’un grand blanc, imberbe qui porte au front l’estampille de la wilaya du grand Casablanca et qui passe à tombeau ouvert toutes les six secondes le dimanche.

kb...taxiphobe

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo. Je suis presque scotché. Tu as beaucoup de talent.

Anonyme a dit…

merci Jaouad..
quoique "PRESQUE SCOTCHé" n'es pas "SCOTCHé"...
va falloir que je me démène...que je me démèèène...:)))

Bsisima a dit…

looool jaouad, tu peux pas savoir coment Kb est véxé avec ton presque :)

Kb: t en manques d'inspiration la ou quoi? allez du neuf, et le reste pr le boeuf...

Bsima qui délire...

Imaaane a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Imaaane a dit…

oui, mais bon depuis ces statistiques en 2005, les choses ont un tit peu changé quand même, on s'eclate moins au volant, depuis kon a parsemé les routes de ces dodanes, un marché immense, dont le bénéficiare n'est pas n'importe qui..hein ?..et les nids de poules, sont toujours là, et se sont même multipliés pace que euh..paradoxalement l'état n'a pas assez de thunes pour les combler..j'y vois deux gros avantage; la diminution des accidents de voiture, et l'augmentation des douleurs hémorroidaires et du nerf sciatique..vais pas m'en plaindre qand même..:))
on meurt moins sur nos chaussées, mais on a presque tous mal au cul..:))