mardi 9 janvier 2007

Je n'écris de poème que lorsque ma peau aime...




en réponse à Imane sur le précédent post je reposte ici cet ancien texte écrit à propos de la poésie, édité sur Ma Roquinerie

Nous étions nombreux, assis autour d'une table...je ne sais même plus quelle occasion nous réunissait là… réunir est sans doute un peu complaisant car à bien y regarder, nous étions tous là, comme des filaments d'un tissage ignorant de lui-même.

En face de moi, dans une robe anthracite, une femme à l'allure raide ou plutôt aride, (mais quelle importance puisque ce sont les mêmes lettres), m'observait depuis un court instant. Elle semblait de granit et je fus donc surpris lorsque ses lèvres frémirent et qu'il s'en échappa la phrase, ô combien conventionnelle :"et vous, que faites-vous dans la vie."

Je ne pus que laisser quelques points de suspension, abritant discrètement la désapprobation que m'inspirent les rencontres avec l'autre qui se résument à l'évaluation de leur savoir-faire...

Un peu par provocation, un peu par honnêteté, je lui répondis que je m'attelais à l'écriture de quelques poèmes.

"vous appelez ça des poèmes parce que vous trouvez ça beau ou parce qu'on ne comprend pas toujours?"

sa question m'apparut soudain infiniment triste...Qui avait bien pu froisser les ailes de cette femme au point d'en faire cet asile d'où elle semblait ne plus pouvoir s'échapper?

Comment lui dire que la poésie est comme une parole blessée, une parole interrompue. Comment lui faire sentir qu'elle est ce tâtonnement obstiné d'un verbe qui lutte contre l'érosion de la pensée. Qu'il y a dans chaque mot un tressaillement englouti que vient révéler une rencontre provisoire. Le langage imagé est souvent une alliance si vulnérable, si inutile qu'il peut ouvrir une trouée dans nos ciels obscurcis. Ces mots sont poussière, buée, lueurs vibrantes de rosée et leurs paysages sont les messagers du silence.

Je ne connais rien de la beauté... je crois seulement à une intuition de la beauté. Une intuition ou plutôt une intussusception de l'inaccessible; un engendrement par le logos, rendu possible par un esprit plus perméable. Une sorte de porosité de la peau, à ce qui l'informe dans une caresse sans cesse renouvelée. Le reste, sitôt que l'artiste se croit au centre de son œuvre, n'est qu'une affaire de goût ou de mode, mais peut-être pas de beauté.

Quant à ce que l'on ne comprend pas toujours, serait ce l'apanage de la poésie, seule? Ou la vie tout entière pourrait-elle être poésie?…

Je répondis finalement à cette femme, au plus proche de ma réalité: "je les appelles des poèmes parce que ce sont des lettres d'amour".

kb...peau d'âme

3 commentaires:

Bsisima a dit…

Un peu comme la peau de chagrin...

Kb, continue ainsi j'aime bien quand tu écris...

Bsima paumé dans sa gynéco...

Imaaane a dit…

t'inkiète Kb, g déjà lu ce billet, potassé maroqunerie, et même rass derb..l'autre vulcain..euh..trop technicos, ça me dépasse.
je voudrais te dire que c pas un truc de compréhension, si c ça ce que tu insinue, g bien compris nina..mais je la considère plutot comme une jongleuses de mots..plutot casse c..:))
kan tu parles de poésie, tu lances langage, mot, parole, verbe..je dis que le verbe n'a pas le monopole de la poésie, si on est assez receptif, la poésie on pourrait la ressentir à travers un silence, un moment, un mot d'enfant..et suis pas du tt pour la poésie, ki devient un show du verbe, où l'essence de la pensée poétique est enchainée par la rime et le jeu de mots surfaits..le mot simple, devrait rester juste un véhicule à la pensée poétique, c la même chose pour nos poèmes d'autrefois m'as tu vu, bahr 3arid, bah quassir et autes marécages..
je préfère la poésie libre de la contrainte de la rime...non élitiste, limpide.
l'un de mes poètes préférés reste nizar kabbani, il a su émouvoir toutes les couches sociales..avec des mots d'enfants..kan tu lis par exemple son poème " je suis contre le terrorisme", en arabe, paceke traduite c un non sens, une sensibilité culturelle est intraduisible, même si t anti-terroriste jusk l'os, tu te retouves à répéter, suis pour le terrorisme, sans parler de ses poèmes saphiques, une grande plaidoirie en faveur de la tolérance, sans sermons..c'est des poèmes sans chichis,où le verbe reste humble, mais où la poésie explose en toute liberté...offerte à tous..
prose ou poème en tt cas, g du mal à faire la différence, et je ne vois pas la necessité de le faire.
démuni de son arsenal littéraire, usant de mots de tous les jours, de tt le monde, et pourtant touchant, émouvant, c à ça kon reconnait un vrai poète, à mon avis, mais je peux me tromper.

Imaaane a dit…

oups le titre de son poème, c'est "je suis pour le terrorisme"..ça doit être un lapsus.