mercredi 27 décembre 2006

Le peuple migrateur

L’oiseau migrateur, ne renvoie-t-il pas à la réalité migratoire de notre peuple Marocain ? Et comment !
Ces oiseaux, pendant le vol, en s’entraidant au sein d’une organisation en « V » créent une synergie naturelle. Chacun, dans ce groupe, occupe une place bien déterminée et à une distance précise de son voisin. Ce groupe, par rapport à un solitaire, peut gagner jusqu'à 70% en distance parcourue. Certes, l’arrivée à destination n’est garantie pour chaque individu du groupe ; et non plus le retour. Cependant, le groupe arrive à destination et retrouve son chemin de retour, vers ses origines. N’est il pas à l’image de l’Homme cherchant sa place dans l’univers ?

N'ont-ils pas vu les oiseaux au-dessus d'eux, déployant et repliant tour à tour leurs ailes? Seul le Tout-Miséricordieux les soutient, car Il est sur toute chose Clairvoyant. (Surat al-Mulk: 19)

N’est il pas présent dans le psyché de la majorité des Marocain cette trace du « aller-ailleurs, c’est mieux qu’ici » ? Ceux qui sont « pauvres » cherchent une « richesse » et ceux qu’ils l’ont cherchent à la sauvegarder. Les deux partagent ce syndrome qu’ailleurs c’est mieux ; tout en n’ayant, dans la majorité des cas, aucune idée claire et fondée ni sur ces ailleurs ni sur le ici. Avec plus de 60% d’analphabètes Marocains (largement plus pour les femmes) tout le savoir est fondé sur le bouche-à-oreille ; aucune certitude et aboulie psychasthénique.
Cela dit, un seul voyant pourra guider un million de non-voyants et un milliard de non-voyants ne pourront montrer le chemin ; c’est clair. Avec le mondialisme et la globalisation, il est possible de mieux servir son peuple à partir d’ailleurs ; mais il faut que quelqu’un y reste, ici ; jusqu'à ce que nous deviendrons un ailleurs pour les autres peuples, comme avant d’ailleurs.
L’oiseau en tête du « V » est sensé être meneur et bien sûr reconnu et suivi. Le comble, il nous arrive de nous tromper de cet oiseau ; pour ne pas dire nous refusons de le suivre. C’est comme s’intéresser à Kundera, migrant de l’ex Tchéquoslovaquie vers la France et oublier, ignorer même, Mohammed Kaîr-eddin (voir dernier 92 Nichane ).

Nous sommes déjà un ailleurs pour les autres peuples ; mais sommes-nous conscients en quoi ! déjà en priant pour ALLAH, ces centaines de millions de musulmans impressionnent les autres par cette harmonie et l’utilisation des mêmes « gestes » et « paroles ». Chaque deux minutes quelques parts sur la terre un Mo’addin appelle pour une prière effectuée de la même façon. Ne pouvons-nous pas nous mettre d’accord sur autre petite chose ou idée ? Ceci me rappelle un ami Français que j’ai invité, pendant le Ramadan, chez moi au Maroc. Pendant une semaine de Ramadan, en s’abstenant de manger et de boire, il a trouvé cela assez étrange surtout pendant les deux dernières minutes avant de rompre le jeûne. Nous étions à Essaouira, dans un café tout le monde attend devant la nourriture le signal divin, sans triche aucune. Quelle extraordinaire scène m’a dit mon ami Français !

N'as-tu pas vu qu'Allah est glorifié par tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre, ainsi que par les oiseaux déployant leurs ailes? Chacun, certes, a appris sa façon de L'adorer et de Le glorifier. Allah sait parfaitement ce qu'ils font. (Surat an-Nur: 41)
Avons-nous le courage de nous accrocher, bec et angle, à notre culture arabo-musulmane datant de 15 siècles et dont l’évolution s’est arrêtée depuis 6 siècles ? Je dirais que nous n’avons pas d’autres choix ; sinon, nous sommes perdus à jamais en essayant de suivre les autres, en recommençant à chaque fois et plusieurs fois.

7 commentaires:

Chergaoui a dit…

C'est lorsque tout devient noir, et les chemins se ressèrent que les gens font ce retour à la source .. ils y retournent y peuiser de l'énergie et de la vie ..

Malheureusement, peu de gens sont coinscients de l'importance de préserver sa culture, et que si ils veulent changer quelquechose dans leur vie, ils n'ont pas besoin d'aller ailleurs .. s'ils veulent vraiment du changement, ils peuvent l'amener chez eux !

Peuple migrateur, nous le sommes surement, mais de moins en moins je trouve .. ou du moins nous le devenons dans notre propre sol ..

Lato sensu a dit…

Excellent post!

as a dit…

Oui, bi-jouje, le meilleur changement c’est celui qui est ramené chez soi d’aussi loin que ce soit. N’est il pas extraordinaire, de trouver les démarches de la logique et de la philosophie greco-romaine sauvegardées, intégrées et joliment utilisées dans la culture arbo-musulman ?
Les occidentaux ont fait strictement la même chose ; mais avec moins de déontologie et d’esprit chevaleresque. Citons les exemples d’Alghazali, d’une part, avec Descartes concernant « le doute », et d’autre part, avec Newton et Copernic concernant la physique.
Par ailleurs, je trouve qu’il est assez difficile d’évaluer les sens des flux migratoires Marocaines avec l’étranger ; même si la conscience de ce danger est de plus en plus claire. Cependant, et à mon avis, la migration intérieure est une richesse. En effet, n’est il pas agréable de travailler dans la même boite, avec des collègues de toute les couleurs, et les cultures Marocaines : Soussi, Rifain, de l’Atlas, Oujdi, de Tanger …

Imaaane a dit…

euh..désolée, je ne vois pas le danger...sans philosopher, je dirai, la seule similitude et la seule raison à mes yeux est.
les oiseaux migrateurs migrent pour des raisons de survie, nos émigrants aussi.
l'9att makeyh'renbch men dar el 3arss..:))

as a dit…

En fait, j’ai parlé de la conscience du danger à l’échelle globale, autrement dit, vider la nation de sa substance ; et à plus forte raison : un bourricot chez soi vaut mieux qu’un bourricot ailleurs.
Bourricot : Hmar essanya
"l'9att makeyh'renbch men dar el 3arss..:))" Si, en croyant que l’autre 3arss est mieux.

Aussi, je me méfie tjrs de tes ":))".

Imaaane a dit…

tu sais très bien que c'est difficile de percer au maroc..tu parles d'un 3a'rss !!
mais du moment kils reviennent en été avec douvize et les cados pour l'famila...kils partent mon cher..kils partent..:))))))

Unknown a dit…

Définition:

Oiseau migrateur: oiseau qui ne se gratte que la moitié du corps....